Résolution du capteur – Petite réflexion sur la course aux pixels
Le marché de la photo depuis la démocratisation du numérique en 2003 représente une continuelle course aux pixels.
Chaque année, on voit débarquer une mise à jour des boitiers existants avec des capteurs aux photosites toujours plus nombreux sur une surface qui n’a guère variée pour la plupart des amateurs : Le format APS-C. Nous sommes en droit légitime de nous interroger jusqu’où les industriels iront-ils quand on note qu’un capteur APS-C en 2023 dépasse les 30 millions de pixels, ce qui revient à des photosites vraiment petits et donc à des limites techniques de faisabilité très certainement un jour atteignables, à partir desquelles il faudra se résigner au plateau. Il n’est pas difficile de deviner non plus qu’un jour, la parade des industriels sera sans doute de démocratiser les capteurs plein format pour que la course aux pixels puisse continuer à alimenter le marché de l’amateur lambda. En attendant l’atteinte de ce plafond de verre, il semble intéressant de se poser la seule vraie bonne question qui vaille : La course aux pixels pour pratiquer la photographie avec une telle résolution, se justifie t-il ? Pour rappel, voici une définition rapide du profil de l’amateur auquel s’adresse traditionnellement l’APS-C :
- Il tire presque jamais ses photos sur papier ou exceptionnellement, il fera réaliser un livre de ses plus belles images ;
- Exceptionnellement aussi, pour décorer les pièces de chez lui, il choisira presque jamais plus grand que le tirage au format 20x30cm ;
- La majeure partie du temps, ses photos finissent surtout dans une galerie virtuelle d’un réseau social ou celle de son site internet personnel ;
- Un capteur de 30 millions de pixels est taillé pour des tirages de 40x60cm et on peut donc déjà parier qu’il n’en fera pas beaucoup ! 🙂
Derrière cette définition plutôt objective de la cible des industriels, on peut en conclure rapidement que les appareils qui leur sont désormais proposés depuis 2017 sont clairement surdimensionnés ; la seule modération pouvant être apporté à ce jugement, pourrait concerner éventuellement les photographes de sport mais surtout d’animalier pour lesquels une rafale très rapide, une vélocité accrue de l’autofocus et surtout 30 millions de pixels pour pouvoir recadrer plutôt sérieusement leurs images quand la cible était du registre du sauvage, c’est-à-dire forcément assez distante, pourraient s’avérer presque indispensables, d’autant que l’amateur de cette catégorie d’intérêt de niche n’aura pas toujours l’aisance financière de pouvoir s’offrir mieux qu’un télé-objectif lumineux à ouverture fixe de 400mm.
Enfin, d’une façon absolue, il y a une réalité à percevoir : En nombre de mégapixels, ce n’est pas toujours l’appareil qui en a le plus qui gagne. Le nombre de mégapixels n’est qu’un aspect parmi d’autres lorsqu’il s’agit de détailler un appareil photo. La qualité d’image dépend de plusieurs facteurs et il est essentiel de prendre en compte l’ensemble du système de l’appareil pour obtenir les résultats attendus. Tout boitier peut avoir au moins 30 millions de pixels mais si c’est pour les illuminer par exemple avec des objectifs d’entrée de gamme limités par leur déformation en coussinet ou en barillet (ce qui est presque toujours la qualité proposée dans les kits), c’est de la résolution en totale perte pour l’investisseur. De même, depuis 2015, la tendance est surtout à l’importance de la qualité du dématriçage d’un RAW issu de tout appareil donné. Un boitier, même ancien, peut tout à fait encore gagner aujourd’hui avec les solutions de traitement d’image révolutionnaires proposés depuis 2020, fruits de laboratoires redoublant d’ingéniosité dans les algorithmes, d’autant avec l’intervention de plus en plus de l’intelligence artificielle dans le processus. Avec le recul, pour le profil de l’amateur le plus courant, l’appareil photo “idéal” se résumerait sur trois critères :
- Un capteur entre 12 et 16 millions de pixels maximum
- Une excellente qualité d’image jusqu’à 6400 ISO
- Un dématriçage optimal des RAW et un traitement final soigné de chaque image dénotant un véritable investissement personnel de l’auteur
Raison justifiant largement le pourquoi d’avoir cessé pour ma part depuis 2015 en qualité d’amateur sage et très éclairé, d’investir dans tout nouvel appareil photo ; travaillant même toujours, avec un vieux NIKON D90 de 12 millions de pixels de 2009 équipé de son flash SB-900 car la formule du bonheur comme de la réussite dans une passion se résume rarement à écouter le doux chant des sirènes mais plutôt à demeurer engagé, sincère, authentique dans ses intentions artistiques…