Le dessin astronomique

Dessiner une planète ? Quelle idée saugrenue diront certains !

Pourtant, il y a à cela une très bonne raison : la toute première qualité de l’amateur d’astronomie est de savoir observer, autrement dit de savoir regarder et saisir tous les détails de l’image que lui fournit le télescope sur un support pour les rendre accessibles dans une durée prolongée. Si souvent, l’observation visuelle, à la lunette ou au télescope, n’est déjà pas facile, compter sur sa seule mémoire pour juger des progrès obtenus se révèle encore moins fiable. En revanche, la réalisation de dessins matérialisera ces progrès au fil des jours. Viendra alors un moment où tous les détails accessibles à l’instrument seront perçus. Les observateurs parvenus à ce niveau s’accordent pour dire que, bien souvent, observant une planète comme Jupiter, ils voient trop de détails et sont obligés de les sélectionner.

Pourtant, c’est là que l’observation prend sa véritable dimension.

L’indispensable journal de bord

Beaucoup d’astronomes amateurs tiennent à jour une sorte de journal de bord dans lequel ils font le compte rendu de leurs observations. Ce travail nécessite un effort qui incite à mieux se concentrer sur ce que l’on voit et amène ainsi à découvrir des détails qui, sans cela, nous auraient échappé. Aiguillonnée par l’impératif du compte rendu, notre séance d’observation peut ainsi nous amener à une vision très détaillée d’une planète ou d’un objet céleste quelconque. Pour qu’un tel travail porte réellement ses fruits, il est indispensable que vous notiez tout ce que vous voyez, sans omettre le moindre détail. Cela vous permettra non seulement d’emmagasiner ainsi un maximum d’informations, mais aussi de mieux les mémoriser.

Choix du support

Le plus pratique est d’utiliser un classeur à feuilles à dessins perforées que l’on pourra ainsi classer plus facilement, au fur et à mesure des séances. C’est le type de support pour lequel j’ai opté personnellement et je ne fus jamais déçu. Le type de support dépend surtout du sujet que l’on traite le plus souvent. Dans le cadre de campagnes d’observations d’étoiles variables, les spécialistes de la discipline préfèrent les pages rayées ou quadrillées car ces dernières sont sans aucun doute celles convenant le mieux pour réaliser des courbes graduées sur l’intensité de ces étoiles. Tandis que les dessinateurs des surfaces planétaires comme moi préfèrent les pages blanches (avec un gabarit pré-imprimé si possible), permettant la reproduction la plus fidèle, en positif ou en négatif, des surfaces de nos vagabondes proches.

Données indispensables

  • L’heure ( Noter le début, la mise en place du dessin, la fin )
  • La date complète ( jour, mois, année )
  • Nom de l’observateur
  • Lieu
  • Instrument utilisé ( Diamètre, rapport F/D, oculaire utilisé )
  • Grossissement utilisé
  • Turbulence, transparence et vent

Travail à l’oculaire

Le plus gros du travail se joue l’œil à l’oculaire. Votre œil doit fournir un gros travail. Lors de vos premiers essais, vous allez trouver que vous voyez pas grand-chose sur la surface de la planète ; cela étant d’autant plus probable sur une planète comme Mars, diffuse et réputée comme un très mauvais objet télescopique. Il apparaît donc nécessaire d’éduquer votre œil à cette vision. Ne vous découragez donc pas, n’accusez pas votre instrument, même s’il est modeste, vous serez récompensé comme moi je l’ai été, si vous persévérez un peu. Vous verrez que, observation après observation, votre vision fera des progrès jusqu’à ce que ce genre d’observation vous devienne familier. A l’oculaire, il n’est pas question de faire un dessin d’art. Il faut repérer les détails les plus remarquables, les mieux visibles, et les mettre en place très soigneusement.

a) Le premier travail consiste à placer avec soin les détails en latitude

Il est important de remarquer que, pour toutes les planètes, y compris celles à rotation rapide comme Jupiter et Saturne, le mouvement en latitude ne peut être mis en évidence au cours d’une même observation. Aussi prenez votre temps, n’hésitez pas à vérifier plusieurs fois si cela est nécessaire, délimitez les bandes, placez-les correctement en latitude, respectez leurs largeurs et, ce travail préliminaire achevé, notez l’heure de début.

b) Détails les plus remarquables en longitude

Cette deuxième phase consiste à placer les détails les plus importants, et cela le plus rapidement possible : C’est ce travail que l’on appelle travail de mise en place. Ne pas oublier de noter l’heure lorsqu’il est achevé. Ce travail doit être effectué rapidement, car dans le cadre d’une planète comme Jupiter, qui tourne en seulement 9 h 55 mn, une minute représente un déplacement d’un degré d’un détail sur son disque. Cela signifie qu’il ne faut pas dépasser la minute pour mettre en place les principaux détails. Il faut commencer par situer les détails qui sont sur le bord Ouest de la planète car ils sont les premiers à disparaître, sous l’effet de la rotation. Pour distinguer les zones claires des zones foncées, on fait appel à des cotes d’intensité.

Côtes d’intensité et de couleurs

La finalisation d’un dessin consiste en une méthode, due à G. de Vaucouleurs qui consiste à évaluer la densité des teintes sous la forme de coefficients chiffrés. Malgré une complication apparente, cette échelle permet de gagner du temps lors de l’observation à l’oculaire et elle assure une meilleure garantie d’exactitude.

On attribue un nombre à chaque plage, sachant que l’on note :

  • 0 la plage la plus claire que puisse présenter la planète
  • 10 le fond noir du ciel

Pour les cotes intermédiaires, chaque observateur est libre de faire sa propre échelle. La régularité dans l’évaluation s’acquiert par l’expérience. On pourra procéder de façon identique pour définir une échelle de couleurs pour aider à la mise au net finale avec informations colorimétriques des zones.