Parc Jean-Jacques Rousseau d’Ermenonville (60)
Au début du mois de juin 2012, je me suis rendu au Parc Jean-Jacques ROUSSEAU à Ermenonville pour rendre hommage à un esprit très lumineux du XVIIIème siècle. Jean-Jacques ROUSSEAU, né le 28 juin 1712 à Genève et mort le 2 juillet 1778 (à 66 ans) à Ermenonville, fut un écrivain, philosophe et musicien genevois francophone, l’un des principaux piliers du siècle des Lumières avec son vieil ennemi, Voltaire. En cette année 2012, il s’agit du tricentenaire de sa naissance.
Ce parc porte le nom de cet illustre penseur pour être le dernier lieu de son séjour, du 20 mai 1778 à sa mort. Son tombeau est alors érigé sur l’île des peupliers (repère 6 de la carte ci-dessous) et devient lieu de pèlerinage jusqu’à son transfert au Panthéon en 1794. Ce parc constitué de jardins prend forme à partir de 1762 lorsque le marquis René de Girardin hérite du domaine d’Ermenonville. Directement inspiré par Jean-Jacques ROUSSEAU dans sa vision de la nature que l’on retrouve dans sa dernière œuvre majeure « Les Rêveries du promeneur solitaire » écrit entre 1776-1778, le marquis s’entoure de deux conseillers de poids : L’architecte paysagiste Jean-Marie Morel et le peintre Hubert Robert.
Trois ans avant la mort de Jean-Jacques ROUSSEAU, en l’année 1775, le parc faisant appel tant au style romantique qu’aux symboles maçonniques, avait acquis pour l’essentiel la forme attendue par la fibre très créatrice du marquis. Les ajouts postérieurs seront notamment les tombeaux (Tombes de ROUSSEAU, de Mayer et de l’inconnu). Victime d’actes de vandalisme révolutionnaire durant les années 1790 et d’un démembrement progressif jusqu’en 1878, il est finalement racheté par Madame Blanc pour sa fille Louise et son gendre le prince Constantin Radziwill. En 1930, le château, le tombeau de Rousseau et le temple de la Philosophie entrent dans la liste du classement aux Monuments Historiques. Depuis 1985, le Conseil Général de l’Oise est devenu propriétaire du parc pour l’entretenir régulièrement…
La grosse des Naïades – Repère 1
Les naïades sont les divinités antiques des sources et des rivières. Cette grotte est la célébration de la croissance et fertilité de la nature. Elle symbolise également l’accès aux connaissances par un escalier menant vers la lumière du jour. En qualité de Jungien convaincu, je pourrais y voir en cette œuvre des Lumières la plus belle illustration du passage des éléments de l’inconscient (individuel et collectif) à la conscience humaine.
L’embarcadère des Radziwill (XIXème siècle) – Repère 3
Les tombeaux – Repère 6
Ce parc contient deux tombeaux emblématiques : Celle d’origine de Jean-Jacques ROUSSEAU et celle de Frédéric MEYER, auteur des peintures. Le tombeau d’origine de Jean-Jacques ROUSSEAU est l’œuvre du sculpteur Lesueur. Le bas relief de la face sud représente une mère allaitant son enfant, en tenant l’Emile d’une main ; des enfants jouent autour et la Reconnaissance dépose des fleurs et des fruits sur l’autel de la Nature. On peut y lire les inscriptions suivantes : Ici repose l’homme de la Nature et de la Vérité – Vitam impendere vero (Consacrer sa vie à la vérité, devise de ROUSSEAU)
La grotte aux ossements – Repère 8
Le marquis René de Girardin fit une bien curieuse découverte lors de la réalisation de ses jardins. Il retrouve des pièces de monnaie et des espingoles rouillées datant des guerres de religion. On retrouve au même endroit au XIXème siècle des pierres polies remontant à l’âge néolithique.
Le temple de la philosophie – Repère 10
Le temple est le symbole de la connaissance humaine restant continuellement inachevé. Cette fabrique toucha beaucoup ma personnalité car il s’agit d’une image excessivement forte et intemporelle concernant l’homme. Dédié à Michel de Montaigne, un philosophe que j’adore, les colonnes qui soutiennent l’édifice portent les grands noms de la pensée comme Newton, Diderot, Montesquieu,… La quête de la vérité reste un chemin éternel pour tout être humain et donc toujours inachevé. L’absence de voûte et de toit signifie que les connaissances humaines n’ont en théorie aucunes limites et peuvent s’étendre jusqu’à un hypothétique infini.
Pont de la Brasserie – Repère 16
Ce pont est caractéristique de la philosophie de Girardin qui considérait toute surface plane comme proscrite, plutôt grand adepte des accidents du relief.
Le marquis René-Louis de Girardin (24 février 1735, Paris – 20 septembre 1808, Vernouillet (Yvelines)) poursuivit une brève carrière militaire avant de devenir en 1766 seigneur d’Ermenonville et créateur des jardins d’Ermenonville.
René-Louis de Girardin fut à l’origine de la mode des jardins paysagers anglo-chinois et exerça une influence sur la création de parcs jusqu’au milieu du XIXe siècle. Girardin avait aussi des ambitions de philosophe, réformateur social et musicien, entre autres, mais ne laissa aucun héritage d’envergure de ses autres domaines d’activités intellectuelles.
« Le jardin, le bon ton, l’usage
Peut-être anglais, français, chinois ;
Mais les eaux, les près et les bois,
La nature et le paysage,
Sont de tout temps, de tous pays :
C’est pourquoi, dans ce lieu sauvage,
Tous les hommes seront amis,
Et tous les langages admis. »