La révolution numérique a apportée un nombre très important d’avantages, notamment l’instantanéité et la facilité de traitement des images via un labo personnel facilement concevable chez soi, constitué d’un micro-ordinateur pourvu d’une imprimante jet d’encre et de quelques logiciels spécifiques (Adobe PHOTOSHOP, GIMP, LIGHTROOM, DXO PhotoLabs…).
Mais cette révolution, comme tout progrès important dans un domaine, possède ses inconvénients dont le plus crucial concerne le choix des objectifs. Pour les utilisateurs de Bridges à l’objectif non démontable, le problème ne se posera évidemment jamais mais pour les photographes utilisant des reflex numériques à objectifs interchangeables (de plus en plus nombreux depuis 2009 avec l’apparition de modèles d’entrée de gamme financièrement très accessibles), la question a son importance.
Les reflex numériques “FULL FORMAT” équipés de capteurs présentant une surface identique au négatif 24x36mm sont encore assez chers et peu démocratisés pour un amateur, même presque 15 ans après leur émergence dans leur segment. Il y a donc de très fortes chances pour que la notion de conversion de format vous concerne…!
Format 24×36 ou APS-C ?
Le format courant 24×36 n’est pas encore celui de référence dans le monde du numérique bien que des boitiers “FULL FORMAT” comme le CANON EOS 5D dès la fin 2005 puis le NIKON D700 dès 2008 soient venus bousculer le marché. Le support chimique (la pellicule) est devenu un capteur électronique constitué de pixels dont le format est nettement inférieur. La norme moyenne du numérique reste le format APS-C (16mm x 24mm) et impose un rapport de conversion de 1,5. Dans le cas de certains reflex numériques (notamment les boitiers d’Olympus), le capteur est encore plus petit (4/3) et impose un rapport de conversion de 2. Ces changements de format imposés par le numérique s’expriment par la transformation de la taille de la “cible”. Concrètement, ces formats modifient la perception et le raisonnement que nous avions avec les focales des objectifs utilisés au format 24×36 !
Format 24×36 ou APS-C ?
Rapport de conversion, coefficient du capteur, rapport de multiplication des focales…etc. Les termes vont bon train pour qualifier le phénomène de recadrage que l’on observe avec un reflex numérique au format APS-C lorsqu’on l’équipe d’un objectif.
Ce phénomène atteint surtout les photographes amateurs de longue date lorsqu’ils passent d’un reflex argentique à son successeur numérique car ceux-ci possèdent bien souvent une gamme d’objectifs étendue qu’ils désirent réutiliser. S’ils sont professionnels, la question ne pose peut-être plus depuis de nombreuses années déjà car cette clientèle ne rechigne pas à payer très cher pour obtenir un reflex équipé d’un capteur CMOS “FULL FORMAT”. Le format APS-C représente toutefois quelques avantages, nous le verrons, pour l’amateur comme pour le professionnel.
Avec un capteur APS-C, un zoom super grand angle 17-50 devient un trans-standard 25-75, ce qui change tout car le photographe (sans doute spécialiste de vastes photographies de paysages) qui avait patiemment économisé dans le passé pour s’offrir un tel objectif d’une valeur moyenne de 2000 euros se retrouve avec un modeste objectif qui ne couvre plus que des “focales à portrait” ! Un vrai cauchemar pour l’amateur captivé par ses sujets (à moins qu’il n’ait depuis acquis l’un de ces quelques assez coûteux reflex numériques ” FULL FORMAT ” qui enrichissent le marché depuis 2008) ! Ainsi, en argentique 24×36, mettre cette coquette somme dans un tel objectif d’exception est un choix élitiste mais justifiable. En numérique, mettre la même somme dans un objectif trans-standard étriqué, l’est beaucoup moins ! C’est pour cette principale raison que les boîtiers reflex numériques APS-C sont la bête noire des photographes amateurs paysagistes et que pour ceux poursuivant néanmoins la conversion de leur matériel dans ce format plus restreint sont obligés d’investir dans des objectifs super grand angle spécialement mis au point pour ce format. C’est le choix personnellement adopté dans la constitution de mon matériel de photographe de paysages, d’architecture et de nature. SIGMA et TAMRON sont des marques désormais pleinement reconnues pour leurs objectifs ultra-grands-angulaires abordables pour le format APS-C dont les focales peuvent être inférieures à 15mm.
En revanche, pour les photo-journalistes, pour les photographes de la faune, d’événements sportifs et de sujets demandant en règle générale de forts facteurs d’agrandissement, ce rapport de conversion des focales est reçu comme un très grand avantage. Le “recadrage” qui en découle transforme par exemple un 400 mm en un “vrai-faux” 600 mm ! Ainsi, au passage, les avantages sont également économiques puisqu’un 400 mm coûte 2 à 4 fois moins cher qu’un 600 mm très lumineux. Selon l’usage principal d’un boîtier reflex numérique ( paysage, sport, reportage… ), on voit donc immédiatement que la perception du passage au petit capteur est radicalement différente et que celle-ci doit être prise en compte par le photographe au moment de son investissement.
Depuis la commercialisation en 2008 des premiers reflex numériques “FULL FORMAT” à des prix plus accessibles, nombres de professionnels jonglent justement entre deux boitiers (un au format APS-C et un autre en FULL FORMAT) en fonction du type de photos qu’ils réalisent.
Conversion des focales (24×36 <–> petit capteur)
Comme nous l’avons vu, les formats des petits capteurs ont complètement changé la perception que nous avions des focales des objectifs. Le tableau ci-dessous converti la plupart des focales courantes correspondant au format 24×36 en focales résultantes obtenues avec un capteur APS-C ou 4/3.
FOCALE | FORMAT 1,3 CANON | FORMAT 1,5 NIKON | FORMAT 1,6 CANON | FORMAT 2 OLYMPUS |
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9
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–
|
–
|
–
|
18
|
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14
|
18
|
21
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22
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28
|
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18
|
23
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27
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29
|
36
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24
|
31
|
36
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38
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48
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35
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46
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53
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56
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70
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50
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65
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75
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80
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100
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70
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91
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105
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112
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140
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100
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130
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150
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160
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200
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150
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195
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225
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240
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300
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200
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260
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300
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320
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400
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300
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390
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450
|
480
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600
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Phénomènes d’un petit capteur sur l’ouverture, diffraction et profondeur de champ
L’utilisation d’un petit capteur quelque soit le format a des influences sur l’ouverture, la diffraction et la profondeur de champ.
Diffraction
La réduction de taille des photosites d’un capteur par rapport au support chimique 24×36 implique de ne pas diaphragmer aussi fortement pour ne pas altérer le contraste des micro détails que peut contenir un paysage par exemple. En argentique sur des paysages, on atteint les résultats optimums à f/8. En numérique, avec un NIKON DX et un objectif optimisé comme le 18-70 DX type G par exemple, on obtient des résultats similaires à f/5,6. Il convient donc d’ouvrir beaucoup plus le diaphragme en numérique pour optimiser le piqué, ce qui se solde par un avantage crucial sur l’argentique : On peut travailler dans des ambiances “sombres” sans avoir à recourir au trépied !
Profondeur de champ
La profondeur de champ augmente au fur et à mesure que le capteur rétrécit. Ainsi, avec les NIKON D40 à D300 qui sont dotés d’un capteur DX de rapport 1.5, la profondeur de champ est…1.5 fois plus étendue ! Avec par exemple un boitier Olympus de la gamme E-xxx compte tenu de la taille plus petite du capteur que l’APS-C, la profondeur de champ est deux fois plus étendue (rapport par 2x).
Ouverture
Les objectifs sont de plus en plus conçus et optimisés pour le numérique. Les photographes les plus exigeants n’hésitent pas à acquérir des objectifs très ouverts (jusqu’à f2,8) pour optimiser piqué et luminosité. C’est pour cette raison que les portraitistes qui sont passés à l’ère numérique préfèrent souvent s’équiper d’un 50 mm très ouvert (jusqu’à f/1,7) plutôt que d’un zoom plus fermé…