Le château de Gaillon (27)
Reportage photographique de 2015.
Très triste histoire si on s’aventure à raconter l’histoire du château de Gaillon dans l’Eure (27). Raison pour laquelle, à juste titre, la couleur n’a pas été utilisée ici au profit du noir&blanc. Au XVIème siècle, le château de Gaillon devient le premier château de la Renaissance en France et il inspirera d’ailleurs le roi François Ier pour le célèbre escalier du Château de Blois. C’est d’ailleurs durant ce même siècle qu’il est désigné comme “le plus beau et le plus superbe lieu qu’il y ait dans toute la France”. A la révolution, en 1793, le château est pillé. Par décret du 3 décembre 1812, il devient la propriété de l’Etat suite à son achat par Napoléon Ier et il est détruit aux trois quarts pour le transformer en centre pénitentiaire par les architectes Dubut et Croust.
La prison est inaugurée le 5 novembre 1816 et s’affirme peu à peu au cours des quarante années qui suivent comme l’un des plus grands centres de détention de France. Après de multiples extensions comme la construction en 1876 du premier établissement de France destiné aux déficients mentaux et aux épileptiques sur l’emplacement des jardins hauts, la prison est fermée en 1901 et l’armée vient occuper les lieux.
En 1914, alors que la Belgique est occupée à 90% par les Allemands, le château de Gaillon accueille un centre d’instruction d’officiers et sous-officiers belges. Plus de 2000 militaires belges y ont été formés. En 1925, le château est vendu aux enchères mais s’ensuit entre 1940 et 1944 la période la plus sombre du château de Gaillon pendant la seconde guerre mondiale, dont on parle fort peu. Pendant l’occupation, un camp d’internement est dressé dans le château dans lequel les prisonniers politiques, souvent étrangers et surtout communistes sont très nombreux.
Parmi eux, un nom fort tristement célèbre, Pierre Sémard, militant communiste et syndicaliste. De Gaillon, il sera transféré à la prison d’Evreux le 6 mai 1942 pour y être fusillé le lendemain. Sa fille Yvette, également prisonnière dans le château de Gaillon apprendra la mort de son père depuis sa cellule du château.
Aujourd’hui, la survie du château, tout du moins ce qu’il en reste, on le doit au Général De Gaulle et à son ministre de la culture de l’époque, André Malraux. Sans leur intervention, il n’existerait certainement plus du tout. Il faudra dix ans, de 1965 à 1975, pour que l’état parvienne à le racheter officiellement, suite à une très longue procédure judiciaire. Après une étude de l’architecte en chef, Georges Duval, les travaux de restauration commencent en 1977. De nombreux éléments conservés à l’Ecole des Beaux-Arts de Paris reviennent au château. L’intégralité du site bénéficie que très récemment d’une inscription au titre des monuments historiques (depuis le 2 août 1996). C’est seulement depuis l’été 2011 que le château est ouvert au public avec notamment une exposition permanente et une maquette du château tel qu’on aurait pu le voir au XVIème siècle, du temps de sa pleine splendeur.