La vitesse d’obturation – Jouer avec les effets du mouvement
Sur la plupart des boîtiers photographiques argentiques des années 80, les vitesses d’obturation étaient accessibles via une molette tournante, accessible sur le dessus du boîtier. Sur les boîtiers reflex numériques modernes (NIKON, CANON,…), commander l’ouverture et/ou la vitesse se passe désormais au même endroit facilitant grandement la réactivité du photographe. Selon l’ergonomie des boitiers, la vitesse s’affiche souvent sur l’écran LCD supérieur (Rep.1) et peut être modifiée selon l’une des molettes diamétralement opposées au déclencheur comme l’ouverture (Rep.2).
Régler la vitesse d’obturation revient à agir sur la vitesse d’un élément essentiel du boîtier photographique : L’obturateur.
Ce n’est rien d’autre qu’un rideau, un volet placé devant la fenêtre qu’on ouvre plus ou moins rapidement, pour contrôler la durée pendant laquelle il est permis à la lumière d’impressionner la pellicule ou d’atteindre le capteur CMOS/CCD. Ce rideau est une fine feuille de carbone, de métal ou de coton, très délicate, qu’il vaut mieux éviter de toucher. Ce rideau est d’autant plus complexe qu’il en existe en réalité deux : Une premier rideau et un second rideau. Lorsqu’on pratique la photographie avec un flash électronique, on entend souvent parler de : Synchronisation sur le premier rideau ou synchronisation sur deuxième rideau. Nous ne rentrerons pas en détail sur cette notion mais il convient dès lors de constater l’énorme potentiel créatif d’un obturateur. La durée même de l’exposition est importante car elle fait partie, avec l’ouverture, des deux facteurs qui vont déterminer le succès ou non, du cliché.
Qui plus est, nous verrons ensemble le pouvoir créatif découlant du choix de la durée d’exposition dans l’exposé concernant le regard créatif.
Effets de la vitesse sur le résultat final
On peut réaliser plusieurs clichés réussis d’un même sujet, à différentes vitesses, dès lors que l’ouverture est recalculée en fonction pour permettre une exposition correcte. Sur un sujet immobile à l’horizon, les différences seront peu sensibles mais sur un sujet en mouvement, le choix de la vitesse devient un critère de taille.
Les deux images ci-dessus montrent l’incidence du choix d’une vitesse sur l’image finale. Une vitesse de 1/1000ème de sec fige le torrent (image A) tandis qu’une pose de 1/60ème de sec (image B) laisse apparaître le mouvement de l’eau sous la forme d’un « filé ». Tout dépend de l’effet et du résultat que l’on souhaite produire sur la pellicule ou dans le fichier numérique d’où un potentiel créatif certain.
La priorité à la vitesse d’obturation
Tout appareil photographique est souvent équipé d’une molette (Rep.3 de l’illustration en tout début d’exposé) permettant de sélectionner un mode de mesure. Les 3 modes courants sont identifiés par A (Aperture), S (Speed) et M (Manual). La priorité à la vitesse est sélectionnable par la lettre S (Speed = vitesse).
Bien souvent, on retrouve l’utilisation de la priorité à la vitesse d’obturation dans le cadre de photographie sportive ou de sujets en mouvement rapide comme une automobile ou bien un volatile que l’on désire figer et dont on redoute le phénomène désagréable du bougé, il convient d’utiliser des vitesses élevées (supérieures à 1/250ème de sec). Ce sont des actions où la profondeur de champ n’a que peu d’importance. Curieusement, on peut aussi trouver cette nécessité de priorité à la vitesse pour la pratique délibérée de l’obturation lente (pratique habituelle de mon mentor Bryan F.Peterson) pour donner de la force à des images qui auraient été tout autrement absolument banales. Dans le cadre d’actions aussi rapides ou aussi originales, le photographe ne peut/veut pas se soucier de l’ouverture pour correctement exposer son sujet.
Heureusement, cette priorité à la vitesse d’obturation est épaulée par un « oeil magique » que l’on appelle le posemètre. Dans le cadre de cette priorité, le posemètre en fonction de la vitesse que vous avez choisi va régler tout seul l’ouverture pour permettre une exposition correcte de votre sujet. Toutefois, attention, le posemètre ne fait que réagir mécaniquement à la lumière et il n’est pas programmé pour réfléchir. Parfois, il sera intelligent d’ouvrir ou de refermer en manuel, d’un cran, le diaphragme, tout en conservant votre vitesse et de reprendre un cliché équivalent, si c’est possible. Dans certaines circonstances comme la neige en hiver ou présence du soleil derrière un sujet, on peut obtenir si le mécanisme évalue mal l’ouverture, un cliché sur ou sous-exposé…
A savoir également que lorsque la vitesse sélectionnée est en dessous des 1/60ème de seconde, il devient nécessaire de monter l’appareil sur un pied, pour éviter un inévitable bougé ; à moins que l’objectif soit équipé d’un stabilisateur autorisant l’utilisation de vitesses quatre fois plus basses qu’à la normale ou bien encore que le photographe ait choisi délibérément une vitesse très basse pour obtenir des effets graphiques.
Conclusion
La priorité à la vitesse d’obturation est la moins couramment employée par le photographe averti car elle est destinée uniquement aux sujets en mouvement rapide ou à des prises de vue créatives sporadiques et ne permet pas un contrôle sur la profondeur de champ, phénomène justement régit par l’ouverture.
Souvent en astronomie, curieusement, on peut dire que la priorité va aussi à la vitesse d’obturation, non pas pour la rapidité de l’action mais pour la faiblesse des objets à photographier. Compte tenu de l’ouverture constante des instruments d’astronomie et de leur faible ouverture pour beaucoup, seul le paramètre de la vitesse devient maîtrisable pour garantir le succès ou non du cliché. Sur une galaxie, on posait souvent une heure, parfois deux heures en continu sur une pellicule. L’incidence de la durée d’impression de la pellicule devenait donc tout à fait significative. En CCD, cela reste vrai car photographier une galaxie impose des durées d’expositions comprises entre 5 et 20 min.