Gérard THERIN (1962-2019)

Né à Paris (75011), le 22 mars 1962

Décédé à Capestang (34310), le 2 novembre 2019 à 57 ans

Le 2 novembre 2019, la communauté astronomique perdait l’un de ses maîtres incontestés dans l’imagerie à haute résolution. Méticuleux, patient, d’une rigueur sans faille, il était un personnage d’exception. Je perdais personnellement l’un de mes guides en photographie et mon meilleur conseiller technique durant un peu plus de dix ans, un ami. Il restera dans nos mémoires comme inégalable, l’un des rares à avoir parfaitement maîtrisé l’argentique comme le numérique. Il était perfectionniste et acharné. Il n’hésitait pas à modifier son matériel et à le régler comme personne pour en tirer constamment le maximum. Si ceci concernait bien entendu l’astronomie, il en sera de même en macrophotographie, en paysage, en architecture et tous les sujets qu’il touchera dans sa course à l’image.

Tout était fin, précis, cadré au cordeau. Un travail d’orfèvre.

Gérard THERIN commence à s’intéresser à l’astronomie à l’âge de 12 ans quand il observe le ciel avec un télescope Newton de 114mm, un cadeau de sa mère. C’est avec ce modeste instrument qu’il se familiarise avec la Lune et les planètes. A 20 ans, en 1982, il commence à s’intéresser à l’astrophotographie en possédant un Newton de 150mm, puis un autre de 200mm, avant d’investir enfin dans le fameux Célestron 8 avec lequel il va passer à la postérité. Habitant dans un petit appartement au troisième étage sans ascenseur, le C8 répond à la nécessité pour Gérard THERIN d’avoir un instrument particulièrement portatif. Enfin, dans son chemin vers l’image astronomique d’exception, sa rencontre en 1984 avec Christian Arsidi est déterminante car celui-ci aura un impact considérable sur le jeune astrophotographe de 22 ans : Obtenir l’image parfaite.

En 1992, le fameux Takahashi TSC 225 de très haute qualité remplace le Célestron 8. Avec ces deux instruments, il obtient sans cesse de formidables clichés argentiques puis CCD à haute-résolution de la Lune, réputés alors comme les meilleurs au monde. Pour optimiser ses chances d’obtenir de bonnes images, Gérard THERIN n’hésite pas à emporter son matériel en vacances, pour toujours avoir son télescope à ses côtés dans les lieux les plus favorables. Comme tous les très grands, il aura ses détracteurs quand ses clichés fabuleux de la Lune commenceront à se faire connaître car beaucoup d’amateurs refuseront de croire en l’authenticité de son travail, n’admettant pas que de pareilles images puissent être obtenues avec un C8 avec une large obstruction centrale. Pourtant, ses résultats sont juste l’obtention avec acharnement des caractéristiques optimales théoriques de l’instrument par son extrême soin avec le refus constant de céder à la facilité.

Comme un appel, je me suis peu à peu remis sagement à l’astronomie depuis sa disparition, avec ce très étrange sentiment de disciple de lui devoir quelque-chose, bien que mon abandon de l’imagerie astronomique soit délibérément fermement choisi. Gérard THERIN et moi, ce fut deux rencontres fin 1997 et puis, une très longue correspondance à partir de 2003. Au moment où je lançais la première mouture de mon site internet cette même année, il fut à mes côtés pour relever tous ses défauts et me conseiller notamment sur sa charte graphique ; la nouvelle mouture de mon site de décembre 2023 étant l’un de mes clins d’oeils discrets envoyés en sa direction car durant toutes les années qui suivront, nous nous suivrons réciproquement dans nos applications en photographie traditionnelle.

Toujours disponible, toujours prêt à manifester son aide, il était absolument incroyable d’humanité.

En 2012, lui confiant les problèmes de vue de mon père, il me répondait gentiment :

« Je vais commencer par le plus important et j’espère donc que les médecins trouveront rapidement l’origine du problème qui affecte ton père… car comme dit l’adage « la vue, c’est la vie » et je pense que l’on est d’autant plus sensible à cet aspect des choses lorsque l’on apprécie la beauté du monde qui nous entoure !!! »

Quelle ironie. La logique arithmétique aurait voulu que tu restes des nôtres pendant bien des années encore mais c’est bien la maladie qui aura eu raison face à ta combativité de lion. Disciples, grands comme petits, photographes ou simples observateurs, nous nous devons d’honorer ta mémoire de pionnier. C’est très justement mon intention Gérard : Poursuivre ma marche d’appréciation de la beauté du monde qui nous entoure. Chapeau l’artiste, au revoir mon cher ami.

Avec une pensée pour son épouse, son fils, ses proches et ses nombreux amis.