Concept de la photo humaniste/street photo

La « Street Photography », la photo de rue, la photo humaniste sont trois termes désignant le même type de pratique de la photographie. Il s’agit d’une photographie dont le terrain d’application est presque toujours extérieur. Cette photographie s’intègre dans un large concept historique, culturel, légal et technique. Photographier de parfaits inconnus en pleine rue est souvent l’objet de controverses entre ceux considérant que la prise de vue est strictement interdite et ceux défendant fièrement la pratique avec des arguments bien fondés. Aux Etats-Unis comme dans plusieurs pays d’Europe, la pratique est même carrément une institution.

Concept historique et culturel : Un artiste travaillant pour la mémoire collective

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Joel MEYEROWITZ – USA – Couleur – Années 60
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Henri CARTIER-BRESSON – Allemagne – NB – Années 60

Le photographe humaniste est un homme d’histoire. Son album d’images est son livre de témoin. Le travail de ce type d’artiste commence seulement à porter ses fruits au bout de 15-20 ans, lorsque les migrations culturelles générationnelles deviennent suffisamment importantes. Il s’agit de toute une histoire en images de la vie de nos rues, de nos espaces publics, une histoire visuelle. Les écrivains utilisent les mots, le photographe utilise les images. Ceux qui considèrent la photo de rue comme une pratique interdite ne mesurent pas la gravité de leur opposition à leur propre nécessité de mémoire collective.

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Garry WINOGRAND – USA – NB – Années 60
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Garry WINOGRAND – USA – NB – Années 60

Concept légal : Le respect de la dignité des sujets est la règle d’or

La photographie humaniste se veut documentaire et/ou artistique. On informe sur une situation dont on a été le témoin (fait de société, manifestation,etc…) et selon les circonstances (lumière, arrière-plan, temps accordé par l’action), on pourra y apporter une dimension artistique. Par définition, légalement, nul ne peut interdire la prise de vue car c’est uniquement au moment de la publication d’une image que la question de la loi s’interpose dans le flux de l’artiste.

L’artiste bénéficie d’une jurisprudence de 2008 suite à l’affaire François-Marie Banier plaçant la liberté de créer au-dessus du droit à l’image :

« ceux qui créent, interprètent, diffusent ou exposent une oeuvre d’art contribuent à l’échange d’idées et d’opinion indispensable à une société démocratique » et que « le droit à l’image doit céder devant la liberté d’expression chaque fois que l’exercice du premier aurait pour effet de faire arbitrairement obstacle à la liberté de recevoir ou de communiquer des idées qui s’expriment spécialement dans le travail d’un artiste, sauf dans le cas d’une publication contraire à la dignité de la personne ou revêtant pour elle des conséquences d’une particulière gravité » (CA Paris, 5/11/2008)

Le simple fait d’être présente sur une oeuvre, une personne ne peut s’opposer à la publication d’une image qui n’atteint pas sa dignité et ne constitue pas un document aux conséquences d’une particulière gravité.

Concept technique : L’hexagone photographique

En mai 2016, lorsque j’ai établi le concept de l’hexagone photographique, je n’avais pas encore conscience que je posais insidieusement les solides bases d’un très profond changement dans ma pratique de l’image. Cet hexagone représente la vision la plus large que je puisse porter sur l’exercice photographique d’artiste-reporter conformément à la citation d’Isaac Newton (1643-1727) : « Lorsque deux forces sont jointes, leur efficacité est double. ».

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« L’artiste-reporter exige tout de lui. Il ne s’agit pas seulement d’un faiseur d’images. Il est en réalité un peu tout à la fois : observateur, biographe, dessinateur, journaliste, poète et romancier. Il est cet hexagone souverain insatiable de curiosité, continuellement tiraillé par la recherche de constance, de qualité et d’efficacité dans ses observations (…). (…) L’appareil photo, simple, léger, discret, silencieux, très aisément transportable, se limitant dorénavant à une focale unique, il se fait oublier à l’égal d’un carnet de croquis pour que, à la moindre émotion, au moindre choc, concentration, sensibilité et sens de la géométrie puissent être les seuls guides de cet instant durant lequel l’artiste est réellement créatif. (…) il réalise en art comme en amour que l’instinct suffit et que pour sacrer le tout, la simplicité est la réussite absolue telle une récompense venant couronner l’art. »