Introduction à la science participative

Schéma issu de Blanc Guillaume & Noûs Camille, La méthode scientifique, in Physique et enjeux de société (Université Paris Cité, 2023)

Qu’est-ce qu’un programme de science participative ?

Observer et participer. La participation des amateurs n’est pas chose nouvelle en science car il n’existe pas de règle réservant la pratique scientifique aux seuls professionnels. Il existe bien des domaines de recherche particuliers dans lesquels l’implication des amateurs peut être un atout majeur pour les chercheurs pouvant aller jusqu’à la validation pratique de leurs théories. Il s’agit bien entendu ici d’une collaboration qui se révélera d’autant plus fructueuse si les bases de données sont communes. Quelque soit le domaine scientifique concerné (astronomie, faune, flore, géologie,…), des citoyens sont parfois mis à contribution pour collecter un nombre important de données très difficile à obtenir par d’autres ressources. L’intérêt principal de la mobilisation de ces citoyens étant leur passion pour le domaine concerné, leur plus grande disponibilité par leur incontestable avantage numérique comparé au collège seul des professionnels, en rapport immédiat à la quantité autrement inabordable de cibles à surveiller. Pour certains domaines, la science ayant particulièrement évoluée depuis le 19ème siècle, au point de paraître être vouée bien souvent à n’être plus qu’une affaire de quelques spécialistes, on s’interrogera naturellement si les observations d’un amateur peuvent encore être utiles. Pour la plupart des sciences, la réponse est oui ; d’autant plus affirmative est la réponse depuis la fin des années 90 avec l’avènement d’internet permettant de constituer aisément des réseaux à l’échelle mondiale particulièrement réactifs et surtout de nouveaux sujets de préoccupation très médiatisés comme le climat terrestre. La science participative étant notamment parfaitement identifiée pour le suivi de la biodiversité sur de longues périodes par des programmes capables de constituer à moyen/long terme de véritables inventaires à la disposition de chercheurs et du public. L’effet vertueux final de cette conjugaison amateurs/professionnels étant des amateurs se retrouvant de fait accompagnés dans leurs interrogations pour mieux comprendre les phénomènes qu’ils contribuent à mettre en évidence. 

Profil de l’amateur en science participative

En science participative, c’est le nombre d’observateurs mobilisés sur un programme commun qui compte pour créer de la donnée exploitable. Plus il y a d’observateurs engagés sur une même cible ou un groupe de cibles identiques et plus les données produites seront susceptibles de mettre en évidence un phénomène (s’il existe bien-sûr), voire même de le quantifier. L’amateur en science participative n’est pas forcément un citoyen assidu mais un praticien capable de produire de la donnée qualitative, précise, normalisée pour un chercheur. L’amateur se doit de composer sans arrêt avec d’autres concurrents à sa passion (profession, impératifs familiaux, la météo si celle-ci est dépendante de sa possibilité d’observer pour pouvoir participer,…). En d’autres termes, l’amateur en science participative, surtout s’il s’agit de programmes astronomiques, est rarement assidu. Quelques participations très qualitatives annuelles suffisent bien souvent à le rendre utile à la science.

L’état de la science participative en astronomie et les programmes existants

En astronomie, la science participative est bien présente et très dynamique. Il existe quelques niches pour lesquels l’amateur peut encore apporter une contribution particulièrement significative. Pour s’en faire une idée particulièrement exhaustive, le site GEMINI Pro/AM est la référence pour prendre conscience et parfaite connaissance de ces programmes collaboratifs entre chercheurs et amateurs. Faire avancer la recherche demeure encore assez simple : observer et compiler.

La science participative en astronomie se découpe en deux grandes catégories : les appels à observations et les collaborations actives.

L’amateur peut ainsi encore faire avancer la science sur des objectifs clés, parfois même avec du matériel très modeste :

  1. Le comptage solaire permettant de mettre en évidence de véritables disparités d’un cycle solaire à l’autre (AAVSOGFOES)
  2. L’estimation visuelle ou photométrique de la magnitude d’étoiles variables pour construire et suivre leur courbe de lumière (AFOEVAAVSO)
  3. Le suivi d’étoiles binaires à éclipses par leur variation de luminosité et leur spectroscopie
  4. Le suivi du cycle de la manifestation d’exoplanètes autour de certaines étoiles
  5. L’observation d’occultations d’étoiles par des astéroïdes contribuant à déterminer leur forme : Programme ROADIES
  6. Le suivi de la météorologie sur certaines planètes (détection d’aurores et de nuages sur Mars par exemple)
  7. Recherche et détection d’impacts sur Jupiter ou Saturne
  8. La surveillance de supernovae récentes survenues dans une galaxie ou isolées (Latest Supernovae)
  9. Courbes de rotation et de lumière des astéroïdes (CdR&CdL)
  10. Sondages astrométriques sur des comètes et astéroïdes nouvellement découverts ou réguliers