Disparition de Robert BADINTER (1928-2024)

Je fais partie de cette génération insouciante née après 1981 qui n’aura pas connue la terrible époque d’un système pénal qui autorisait la peine capitale dont certaines de ses erreurs de jugement pouvaient prendre l’apparence de véritables tragédies irréversibles. Avant 1981, que vous soyez coupable ou non, vous pouviez perdre la tête d’un battement de cils sur une machine impitoyable que nous appelions la guillotine. Il convient de ne jamais l’oublier ; tirer un trait sur une pratique ancrée en France depuis des siècles n’était initialement pas gagnée d’avance et représentait donc un acte courageux, engagé quand un peu plus de 60% des français étaient alors encore favorables à cette pratique en 1981. Triste observation complémentaire au passage : En septembre 1981, la France, Pays des droits de l’homme et du citoyen, était ironiquement l’un des derniers membres de l’Europe à avoir une justice qui tue.

Nous devons cette révolution des mentalités et institutions à un homme révolté : Robert BADINTER.

L’homme aura fait de l’abolition de la peine de mort, la véritable mission d’une vie, avant comme après le coup fatal de 1981.

Homme politique, juriste et essayiste remarquable ; il était incontestablement le dernier des derniers « grands » justes.

Ce grand sage qui s’est éteint dans la nuit du 8 au 9 février 2024 rejoindra de toute évidence un jour le Panthéon.