Quelques bonnes pratiques de tournage – Cinéma d’amateur
Chez moi, il y a un livre précieux hérité de mon père, datant de 1976, dans ma bibliothéque.
Nous n’en sommes plus au film SUPER 8 mais il n’en demeure pas moins que beaucoup de préceptes demeurent à l’ordre du jour car il s’agit tout juste d’un changement de support d’enregistrement. Avant-hier : Un long rouleau de pellicule conditionné en cassette ; hier : une cassette magnétique pour l’analogique puis les débuts du numérique ; aujourd’hui : une carte mémoire dans lequel se précipitent une par une des séquences (en mégaoctets voire en gigaoctets, selon leur durée) sous la forme de fichiers au format désiré par l’utilisateur (souvent l’AVCHD en .mts, nouveau standard chez l’amateur depuis de nombreuses années déjà).
Ici, je ne compte pas vous retranscrire un cours complet de tournage et de montage.
Simplement, la liste non exhaustive de ce que je retiens surtout de mes bien modestes expériences en cinéma.
Réaliser un film, c’est quoi ?
Réaliser un film consiste à construire un livre d’images animées.
La différence n’est pas anodine avec la photographie car avec les moyens à la disposition aujourd’hui de l’amateur, le son représente également une troisième dimension que nous n’avions pas à nous soucier avec le SUPER 8 muet. Contrairement à la photo, le panel des possibilités créatives du cinéma est particulièrement étendu ; les risques de séduire ou alors de perdre l’attention en cours de route de nos spectateurs en sont d’autant plus grands.
Un film s’attache à des essentiels pour être à minima bien construit :
- Il faut un sujet
- S’en tenir à un thème directeur que l’on suivra de la première image à la dernière
- L’œuvre doit comporter un préambule, un récit à proprement dit pour se terminer sur une conclusion…
- Des successions harmonieuses de plans (de ceux d’ensemble à ceux les plus resserrés)
Liste de préceptes au tournage découlant de mon expérience
- Comme en photo, efforcez-vous de soigner votre cadrage comme vos compositions pour les plans rarement statiques (règle des tiers et des lignes de force).
- Quand vous cadrez, évidemment, la zone devant rester libre dans l’image doit toujours être du côté du regard du sujet ou des sujets.
- Comme en photo ; au cinéma, usez de tous les plans possibles (plongée, contre-plongée,…).
- La caméra ne doit jamais rester fixe très longtemps (panoramique suivi, horizontal, vertical, oblique).
- Faites rarement les travellings mobilisant le zoom de la caméra (il faut essayer même de les éviter !)
- Un travelling avec le zoom de la caméra doit réellement se justifier par une scène suffisamment distante comme intéressante pour que ce travelling apporte quelque-chose de véritablement très fort à la narration globale du film final.
- Si vous souhaitez pratiquer des travellings, bougez surtout physiquement dans l’espace !
- Les travellings d’accompagnement, d’approche, d’éloignement, en combinant plongée ou contre-plongée doivent être produits si possible par le mouvement du caméraman et non, le zoom !
- Si votre camescope est doté de la focale de 28mm (équivalence 24×36), utilisez là souvent en vous efforçant d’être au plus près des scènes car l’effet d’immersion avec les perspectives, est garanti.
- J’adore travailler avec la plus courte focale possible dans mes films car elle donne souvent une impression d’accélération et facilite les effets choc (un sujet humain fonçant en ma direction) et les travellings d’approche ou d’éloignement paraissent plus longs et plus rapides.
- L’approche d’un film familial n’est évidemment pas la même que celui d’un voyage ou même d’un documentaire, encore moins pour un film à scénario ou bien encore un film musical sur la façon de s’en tenir sur un thème directeur et sur la rigueur du produit final.
- Pour situer une action par exemple dans l’espace ou dans le temps dans un film, exploitez tout ce qui peut faire l’objet d’un plan bref statique utile (panneaux, affiches, fiches, petit fascicule touristique de visite,…). Ceci vous servira soit d’antisèche ultérieure pour les titres soit pour vous éviter de défigurer justement votre film en employant les titrages au montage. En SUPER 8, quand il était très technique d’apposer ultérieurement des titres sur un film, ceci représentait LA solution.
Liste de préceptes au montage découlant de mon expérience
- Au montage, on peut ordonner les plans pour leur donner un cheminement captivant.
- Au montage, c’est le moment de jeter les plans ratés pour se concentrer sur les succès.
- Au montage, c’est le moment pour les plans statiques trop longs de les réduire suffisamment pour que le spectateur ait l’impression de ne pas s’ennuyer afin de lui faire succéder les plans à la “juste” vitesse pour le retenir voire le captiver complétement !
- Conserver le son d’origine capturé par la caméra dans les scènes où il apporte vraiment un plus.
- Quand le son d’origine capturé par la caméra représente une perturbation alors que l’image est excellente, pensez à valoriser ces plans réussis dans un film musical introduit au bon milieu du film dans sa globalité. Une parenthèse parfois très précieuse voire enchantée pour signer un très bon film.
- Aujourd’hui, les logiciels de montage redoublent de possibilités et de choix en termes d’effets spéciaux. N’abusez surtout pas entre les plans, de transitions sans cesse beaucoup trop éclectiques car ceci peut concourir le spectateur à décrocher voire s’agacer devant le produit. La bonne vieille transition du fondu de noir en début de film et pour le conclure fonctionne très bien. Le fondu enchaîné demeure également un classique sans risque de mauvais goût.
- N’hésitez pas parfois la coupe franche entre certains plans, ceci permet de souligner fréquemment une ellipse voulue d’une partie de l’action.
- Et enfin, pour que le film se tienne complétement, prenez soin des raccords entre les scènes (d’objets, spatiaux, de regards, de mouvement, de direction, de lumière,…). C’est là qu’intervient souvent le plus le savoir-faire véritable d’un cinéaste amateur.