Introduction
En cette année 2024, j’ai peu à peu abandonné mon activité photographique pour mon retour à l’astronomie depuis l’acquisition du Seestar S50 fin juin. Ceci faisait de très nombreuses années que j’avais abandonné l’imagerie stellaire comme planétaire.
Depuis janvier 2023 à la naissance de ma fille, s’était de même complètement évanouie la moindre possibilité d’intégrer de l’astronomie à mon planning si ce n’est au minimum en visuel car plus de plage arrière dans la voiture pour y allonger simplement les 1,3 m du tube de mon Dobson de 20 cm d’ouverture et plus le volume nécessaire non plus dans le coffre pour y transporter l’embase rotative. Et que dire de mon C8 et sa GP ? Cette année, tout comme l’année dernière, le coffre était saturé pour l’astronomie ; Beaucoup de bagages pour nous trois, la poussette, les jeux pour l’enfant…Et, pourtant, parmi tout ce bazar inondant la voiture cet été : Le révolutionnaire petit Seestar S50, un simple trépied photo et mon matériel informatique pour m’accompagner pendant 18 jours d’évasion (4 au 21 août), loin de notre domicile habituel afin de profiter des commodités d’un site d’observation bien mieux adapté pour y mener calmement mes diverses expériences d’apprentissage. Contrairement du Dobson, avec le Seestar S50, il fallait faire une croix catégorique sur l’éventualité de pouvoir observer la belle Saturne à 300x comme j’aurai pu le faire en d’autres circonstances, qui montait depuis mon site d’observation au-dessus des arbres à compter de 2h du matin avec un petit pincement au coeur mais ce petit télescope intelligent qui trouve sa place partout avait tellement plus à offrir pendant ces quinze jours que l’on oublie très vite cette frustration. La météo favorable à l’exploration du ciel nocturne pendant cette période aura été grandement de la partie, m’offrant tout le loisir d’exploiter une grande partie du potentiel du Seestar S50 dans le domaine de la science participative, tout comme dans celui de l’imagerie solaire et stellaire avec pour seul objectif par moments du plus pur assouvissement d’un peu de plaisir esthétique dans cette exploration céleste.
Les sujets explorés
Dans le domaine de la science participative, le Seestar S50 s’est révélé efficace pour :
Observer mes 20 premières variables à longue période et perfectionner ma méthode de photométrie
Observer trois fois la Nova Vul 2024 dans le Petit Renard et confirmer son déclin en luminosité
Observer deux astéroïdes et nouvellement la comète C/2021 S3 (PANSTARRS)
Effectuer du comptage solaire dans une période susceptible d’être le maximum du cycle 25
Créer les solutions techniques en conclusion afin d’améliorer la préparation de mes campagnes d’observations
Mes 20 premières variables observées et mesurées avec le Seestar S50
La première nuit du 5 au 6 août 2024 représente l’occasion de pointer le Seestar S50 vers quatre premières variables à longue période correspondant à ma première liste préliminaire des dix variables que j’avais initialement choisi arbitrairement pour leur répartition globale dans le ciel tout le long de l’année et pour leur référencement dans l’application Stellarium mobile. L’application du Seestar en version 1.20.2 ne proposait pas encore la possibilité de créer sa liste de cibles personnalisées à partir de coordonnées AD et DEC ; aborder ses quatre premières étoiles variables nécessitera donc le pointage manuel de la zone depuis le SkyAtlas de ZWO en utilisant en parallèle un autre logiciel de planétarium capable lui aussi de simuler le zonage du Seestar pour parvenir à diriger ce télescope intelligent vers le champ contenant la variable. Dans mon cas, ma tablette sera utilisée pour piloter et imager avec le Seestar tandis que mon téléphone permettait de localiser la variable sur Stellarium mobile pour faire correspondre manuellement les champs, étant donné que le logiciel planétarium du Seestar ne contient aucune étoile variable, pas plus d’ailleurs que les astéroïdes dans son catalogue. De plus, jusqu’à la version 1.20.2, le débriefing de ce genre d’observations hors catalogue du planétarium du Seestar était compliqué et exigeait des prises de notes manuscrites car le Seestar stockait alors ce type d’observations en désordre complet dans sa mémoire flash interne dans un dossier unique intitulé “unknown”. A charge ensuite à l’observateur de savoir identifier lui-même les champs des différents objets effectivement pointés dans cette liste d’acquisitions jugées comme inconnues par l’instrument.
La révolution pour le pointage facilité des variables comme d’autres objets hors catalogue a débarqué dès le 8 août 2024 avec l’officialisation de la version 2.0.0 du logiciel du Seestar. Même si une nouvelle version sera nécessaire pour apporter des correctifs mineurs, ayant depuis soulevé en qualité d’utilisateur quelques bugs autour de la nouvelle fonctionnalité phare de cette version que j’ai fait remonter sans attendre au support de ZWO le 16 août 2024, jour de leur découverte, il s’agit d’un grand pas en avant évident car fini bien justement le tonitruant dossier “unknown”. Grâce à la possibilité désormais de créer sa propre liste de cibles personnalisées depuis le logiciel planétarium du Seestar à partir des coordonnées AD et DEC, le Seestar peut désormais non seulement les pointer automatiquement mais aussi en stocker l’observation nommément sous la forme de dossier par cible dans sa mémoire flash interne. Grâce à cette nouveauté parmi tant d’autres dans cette version 2.0.0, analyser de nombreuses observations hors catalogue est devenu un plaisir plutôt que la galère quand on utilise le Seestar pour de la science :
Dans le planétarium du Seestar, il est désormais possible (image 1) d’ajouter un objet personnalisé en renseignant son nom ainsi que ses coordonnées AD et DEC ou bien de mémoriser en objet personnalisé la position courante du Seestar sur le ciel pour y retourner plus tard en automatique. Une liste de favoris se constitue ainsi désormais dans le planétarium (image 2) en parallèle de la liste du catalogue courant du SkyAtlas. Comme pour tous les objets disponibles dans le catalogue d’origine du planétarium du Seestar (image 3), chaque objet personnalisé bénéficie de son éphéméride propre (courbe de visibilité, point cardinal de visibilité, altitude actuelle ou à venir, position de l’azimut, rappel des coordonnées). Une version 2.0.0 autorisant enfin le suivi de cibles “exotiques” comme ceci est souvent le cas quand on s’aventure au-delà du terrain initial pour lequel le Seestar fut principalement conçu.
Si la première nuit du 5 au 6 août 2024 fut limitée au pointage de quatre variables en manuel afin de posséder juste ce qu’il fallait comme candidates pour valider la fiabilité de leur pointage depuis le Seestar mais également pour valider la cohérence des mesures photométriques dans le canal V (TG) en les comparant à d’autres observateurs avertis pour les mêmes étoiles ; dés la seconde nuit du 9 au 10 août, le pointage automatique de sept variables supplémentaires ainsi que le renouvellement du pointage de Nova Vul 2024 valideront la pertinence de cette nouvelle fonction phare des objets personnalisés apparue dans la version 2.0.0. Pouvoir pointer jusqu’à dix variables et produire en sus leur planche numérique nécessaire à leur analyse photométrique en un peu moins d’une heure d’observation révèle toute l’efficacité d’un tel automatisme quand il s’agit de rentabiliser les opportunités d’observation. La troisième nuit du 15 au 16 août, ce sera au tour de neuf variables supplémentaires ainsi qu’un troisième pointage de la même Nova Vul 2024 en seulement une heure qui conduiront à la totalisation de 20 variables mesurées sur trois nuits pour la science participative.
Observation de la Nova Vul 2024 dans le Petit Renard
En plus des variables, j’ai surveillé l’évolution de la Nova Vul 2024 dans le Petit Renard. Le 30 juillet 2024, une alerte pour collaboration pro/am surgissait pour avertir que quelque-chose se passait du côté de cette constellation et qu’il convenait de suivre l’événement pour obtenir plusieurs mesures par jour. Le miracle de la collectivité des amateurs aura fait le reste pour obtenir assez précisément au gré des jours une courbe du déclin progressif de cette nova. Pour ma part, sitôt l’opportunité d’une nuit dégagée au tout début de mes vacances, le 5 août, j’ai orienté en manuel le Seestar en sa direction pour une première mesure. Aux mêmes dates que pour les variables, les 10 et 15 août, j’ai récidivé par deux autres mesures pour voir si la magnitude de la nova bougeait et de quelle importance.
Voici donc la retranscription de mes trois mesures en graphique :
Parmi les nombreuses mesures d’autres observateurs visuels/CCD à travers le monde entre le 30 juillet et le 25 août 2024, voici la distribution de mes trois mesures sur la nova réalisées au Seestar S50 :
Observation des astéroïdes Ganymede et Pallas
En utilisant le pointage manuel le 5 août pour trouver l’astéroïde géocroiseur 1036 (Ganymede) et le pointage automatique le 9 août pour l’astéroïde 2 (Pallas) en créant un objet personnalisé temporaire aux bonnes coordonnées de sa position pour le jour, ce fut nouvellement un excellent exercice pour tester les potentialités du Seestar pour partir à la recherche de cibles hors catalogue du SkyAtlas tels que ces petits corps mineurs de notre système solaire mais également dans la photométrie de ces objets.
Nouvelle observation de la comète C/2021 S3 (PANSTARRS)
Après une première observation de la comète C/2021 S3 dans la nuit du 13 au 14 juillet 2024, le 5 août 2024 fut l’occasion d’en effectuer une seconde pour voir si ma mesure photométrique avec le Seestar permettrait de déterminer une magnitude V/TG conforme aux remontées visuelles/CCD d’autres observateurs autour de la même période qui fixaient la magnitude de la comète entre 14,2 et 15. La magnitude trouvée à l’issue de cette observation fut 14,7…Ce qui n’est pas mauvais ! 🙂
Entre la première observation du 13 juillet et la seconde du 5 août, on notera par ailleurs la perte globale d’une magnitude pour la comète C/2021 S3 conformément à ce que d’autres observateurs remontent. Répartition dans un graphique :
Exercice de comptage de l’activité solaire
1
2
Si il y a un astre qui montre particulièrement de l’activité depuis quelques temps, il s’agit bien de notre étoile : le Soleil. Il ne fait point de doute qu’il s’approche ou bien qu’il a déjà atteint le maximum de son cycle 25. Dans tous les cas, d’un point de vue purement esthétique ou au comptage d’un nombre de Wolf approximatif sur plusieurs observations depuis la mi-juillet et ce jusqu’à ma dernière du 14 août au moment d’écrire ces lignes, l’énorme activité solaire ne fait point un mystère. On peut d’ailleurs admirer le nombre impressionnant de taches solaires sur ces deux images du soleil réalisées durant mes congés d’été avec le Seestar à quelques jours d’intervalle, le 5 août (image 1) et le 8 août (image 2), qui présentent également l’intérêt d’illustrer la rotation de notre étoile en quatre jours.
Répartition du comptage approximatif du nombre de Wolf dans un graphique :
21 au 26 août : Ce que l’empirique avec le Seestar S50 m’aura appris pour la suite en guise de conclusion…
Au fur et à mesure de mes observations, de mes interrogations, des analyses de mes images, de la compréhension de mes cibles, la dernière semaine de mes 3 semaines de congés d’été dédiées à l’astronomie fut l’occasion d’améliorer mes préparatifs pour de futures observations avec le Seestar S50. J’étais notamment parti au départ avec une certaine conception dans le choix de mes variables à longue période qui se sera révélée pas forcément judicieuse, notamment au niveau de la longueur de leur période au regard de mes opportunités pour observer. Heureusement, un outil indémodable, vieux de plusieurs décennies qui s’appelle un tableur, intelligemment utilisé, m’aura permis de faire le tri parmi les 110 variables que j’avais déjà sélectionné courant juillet pour en extraire les candidates réellement appropriées à mon planning d’amateur. Par la précipitation face à la nouveauté et au besoin nécessaire de tester quand la nature des explorations sont inédites, il y a souvent des détails qui nous échappent au premier abord et il ne faut pas hésiter à perdre du temps pour y porter la réponse technique appropriée. Plusieurs choses furent ainsi observées et réalisées en ces derniers jours :
Réalisation d’un tableur programmatique permettant de sélectionner une liste de variables (10 maximum en règle générale) pour une soirée d’observations en fonction de leur statut (déjà observées ou non), de leur dernière date d’observation, de leur période avec leurs coordonnées JNow (2024) pour garantir une bonne précision de pointage pour les dix prochaines années avec le Seestar S50.
La plupart des objets et notamment les variables présentent un positionnement exprimé dans la plupart des sources officielles en AD et DEC dans l’époque J2000.0 (à savoir leur positionnement au 1er janvier 2000). Pour la plupart des planétariums qui pilotent des montures de télescope, les objets personnalisés sont exprimés dans leur positionnement dans l’époque J2000.0 et c’est le logiciel qui recalcule d’une façon totalement transparente la différence de positionnement pour que la cible soit bien centrée dans le champ de l’instrument du premier coup, au point que ceci puisse échapper à la plupart des utilisateurs de ces logiciels. Or, ce recalcul par l’utilisateur est nécessaire dans le cas du Seestar S50 et la question s’est alors posée pour moi d’en effectuer la conversion vers JNow.
Je fus instinctivement dirigé vers cette “découverte” par l’observation lors du pointage en automatique de 16 variables d’un écart plutôt régulier du même côté de ces variables par rapport au centre de champ de vision visé par le Seestar. Décalage correspondant après élucidation au glissement progressif régulier avec la précession des coordonnées AD et DEC au gré des 24 dernières années depuis le 1er janvier 2000. Le Seestar n’étant doté d’aucun moyen de recalcul automatique depuis des coordonnées exprimées en J2000.0, il convient de réaliser le calcul soi-même pour lui fournir des coordonnées actualisées à l’année en cours soit en J2024 pour résumer rapidement.
J’ai pu recalculer le positionnement des 110 variables vers JNow (2024) grâce à la version ordinateur de Stellarium qui présente l’intérêt de proposer les deux expressions de l’AD et de la DEC pour tout objet consulté ; à savoir, les coordonnées en J2000.0 habituellement exprimées dans les atlas du ciel et les coordonnées en J (à date) = JNow. Si la question se pose également pour vous d’obtenir de nouvelles coordonnées équatoriales d’objets pour gagner en précision de pointage pour les dix prochaines années avec votre matériel, voici donc la solution logicielle existante qui possède en plus pour principal avantage d’être gratuite !
Re-trier méticuleusement les variables dans un tableur m’aura orienté vers un autre logiciel très puissant de planétarium gratuit que j’affectionne depuis la fin de la première décennie des années 2000 : C2A. Le logiciel qui permet notamment de piloter en langage LX200 ma monture Perl-Vixen GP informatisée. Offrant la possibilité d’être enrichi par l’utilisateur par ses propres catalogues et doté d’une très puissante interface de planification d’observations, je me suis penché là-dessus pour la gestion cartographique de mes 110 variables.
Pour C2A, j’ai découpé mes 110 variables en créant mes trois catalogues utilisateur selon notamment la durée de périodicité de ces variables. Sur ce logiciel, grâce à ces trois catalogues maison, il m’est désormais possible d’afficher la position dans le ciel (selon mes besoins) des différentes variables candidates potentielles pour mes observations mais aussi d’obtenir très rapidement grâce à son outil de planification une liste précise des variables observables selon des critères d’azimuts et d’altitudes de visibilité propres à mon site.
Capture d’écran de Stellarium montrant où trouver les coordonnées JNow
Ces congés d’été auront été l’occasion de réaliser en accéléré bien des choses passionnantes à mon très modeste niveau d’amateur. N’étant justement qu’un amateur, le temps pour me replonger dans de nouveaux défis pratiques avec le Seestar S50 me manque déjà en cette veille (en ce 26 août 2024) d’un retour inéluctable à ma vie professionnelle et à mes devoirs routiniers de la vie quotidienne.